Maîtrise d'ouvrage Durable dans le secteur de l'Eau et de l'Assainissement à Bangangté
Mairie de Bangangté

A. Problem Analysis

 1. What was the problem before the implementation of the initiative?
L’approvisionnement en eau potable, troisième priorité de développement du gouvernement Camerounais est exprimé avec force dans le document de stratégie de croissance et l’emploi (DSCE) et affirmé dans la politique d’alimentation en eau potable et l’assainissement en milieu rural (PAEPAR) qui consacre le rôle central des municipalités en matière de maîtrise d’ouvrage en eau et assainissement dans les zones rurales. En 2005, le taux national de panne sur les ouvrages d’hydraulique rurale était de 43,5% (60% pour puits et forages contre 40% pour mini-adductions d’eau) dû principalement à la défaillance du système d’organisation et de maintenance. Aussi l’Etat a-t-il confié la gestion des ouvrages d’hydraulique rurale aux Communes. Ce rôle a été confirmé par le décret N°2010/0239/PM du 26 février 2010 qui fixe les modalités d’exercice par les communes de certaines compétences transférées par l’Etat en matière d’alimentation en eau potable dans les zones rurales. Le projet MODEAB a permis de mettre en œuvre, les principes annoncés dans la nouvelle politique d’approvisionnement en eau et assainissement en milieu rural et contribue à la lutte contre la pauvreté, la réduction de la mortalité infantile, l’amélioration de l’accès à l’eau potable, l’instauration de nouvelles habitudes pour plus de propreté. Cette action intervient en milieu rural pour l’AEP et dans les écoles et marchés ruraux pour l’assainissement. La Commune de Bangangté est située dans la région de l’Ouest du Cameroun, dans le département du Ndé. Elle compte 200 000 habitants et est répartie en 7 groupements sur 800 km². La partie urbaine ne regroupe que 20 000 habitants, le reste de la population réside dans des villages éloignés. Lors d’une étude conjointe du Programme National de Développement Participatif et des services techniques de la mairie de Bangangté en 2006, les problèmes de l’eau potable et de l’assainissement ont été reconnus comme une priorité dans 23 des 25 unités de Bangangté. De même, en 2010, seuls 15% de la population rurale ont un accès à l’eau potable, nettement en dessous de la moyenne nationale qui était de 27,7% en 2008. Cette situation entraine une augmentation des dépenses de santé dans la commune (plus de 10 000 FCFA par mois et par ménage) dues en grande partie à l’ingestion d’eau impropre). Le problème d’accès à l’eau potable représente une priorité pour 82% des 600 chefs de ménages interrogés en 2010 dans la préparation du projet MODEAB. Ce résultat confirme déjà les priorités identifiées dans les plans de développements locaux réalisés par le PNDP (Programme National de Développement Participatif) en 2007 où l’eau potable venait avant les problèmes de logements, de route et de travail. Le projet MODEAB a contribué à apporter une solution à ce problème par la réhabilitation de 7 mini – réseaux Scan Water dans les groupements de village et la mise en place d’un service public de l’eau au niveau municipal dans chaque groupement ayant bénéficié des réhabilitations. Ce projet permettra déjà d’ici le mois de juin 2014 de porter le taux de couverture des besoins en eau potable à 50% dans la zone rurale. De plus, le projet a mis en place une gestion durable de ces infrastructures.

B. Strategic Approach

 2. What was the solution?
Lorsqu’elle s’est rendue compte de la situation de sa Commune, Mme Ketcha Courtes, fraîchement élue Maire de Bangangté a fait des problèmes de l’eau et de l’assainissement sa priorité. Le projet de réhabilitation du réseau Scan Water de Bangoua (un des groupements de la commune) en partenariat avec la Fondation Veolia Environnement venant juste d’être achevé, elle a sollicité leur aide pour faire de même dans les autres groupements. Avec le concours de la fondation trois autres bailleurs ont rejoint le projet : l’AIMF, le SIAAP et l’AESN. Ainsi, il a été décidé de mettre en place le projet MODEAB comportant un volet eau et un volet assainissement et les actions suivantes : - Construction de 10 latrines écologiques dans des écoles et 5 dans des marchés, avec récupération des urines pour fertilisation - Mise en place d’un système de gestion durable des latrines à travers des Comités d’Education à l’Environnement - Réhabilitation de stations scan water dans 7 groupements - Mise en place d’un système de gestion durable des réseaux d’eau: le Service Publique de l’Eau Au niveau du volet assainissement, les élèves des écoles ont donc pu avoir accès à des latrines conformes aux prescriptions des Objectifs du Millénaire pour le Développement. De plus, ces latrines sont des latrines VIP (Ventilated Improved Pit) à double fosse sèches et à diversion des urines. Ainsi, les urines sont réutilisées pour fertiliser les champs écoles (déjà trois campagnes d’épandage) et à long terme, les fèces pourront également l’être. Au niveau du volet eau potable, quatre réseaux d’eau ont été réhabilités et 3 sont en cours de réhabilitation. La véritable innovation dans ce volet réside dans le système de gestion. En effet, les nombreuses réhabilitations précédentes qui tombaient en panne au bout de quelques années faute de stratégie et d’implication des bénéficiaires ont prouvés que le système précédent ne fonctionnait pas. L’expérience des partenaires a donc mené à mettre en place un système totalement nouveau basé sur le fonctionnement de trois organes : - Le Comité des Usagers de l’Eau (CUE) de chaque groupement, composé de bénévoles dont la parité hommes/femmes est respectée, qui est porte parole de la population et qui se bat pour ses intérêts - L’Exploitant de chaque groupement, qui est un professionnel rémunéré à partir de la vente du service de l’eau - La Régie de l’Eau, qui est une structure communale d’appui/conseil/suivi/contrôle pour les deux autres organes Ces trois entités travaillent en synergie les unes les autres pour assurer une gestion pérenne et optimale des infrastructures. L’eau est donc payante, la recette revient à l’exploitant qui s’engage à verser différentes redevances par m3 vendu : au CUE pour son fonctionnement (achat de cahiers pour les réunions), à la Régie pour sa rémunération, et au compte de renouvellement pour assurer une épargne permettant de parer à toute panne. Ainsi, pour un prix modéré (500 FCFA/m3), les habitants des villages ont accès à l’eau potable et ce de manière durable. Il en est donc fini de la corvée d’eau pour les femmes et les enfants… De plus, les populations étant garantes de leur réseau, elles font en sorte qu’il soit en état de fonctionnement et pour le plus bas prix possible. Etant donné que l’exploitant est rémunéré sur la vente de l’eau, il s’assure de vendre le plus d’eau possible avec un rendement le meilleur possible, en évitant toute perte d’énergie inutile. De plus, il crée de l’emploi car il a besoin de plombiers et de maintenanciers pour fonctionner

 3. How did the initiative solve the problem and improve people’s lives?
Il s’agit d’un projet innovant et pilote. C’est la première fois que sera expérimentée en milieu rural une approche territoriale impliquant les populations à l’échelle communale pour relever le défi de l’amélioration de l’exploitation pérenne des services de l’eau et de l’assainissement. De plus, le projet promeut une démarche qui associe l’ensemble des acteurs publics et privés de l’eau à la définition d’une politique de l’eau sur la zone d’action et se caractérise par sa flexibilité en étant à leur écoute. La mise en place d’outils de gestion (logiciel d’exploitation des réseaux d’eau) servant de cadre pour la gestion quotidienne des infrastructures, la planification des priorités et l’élaboration concertée d’un plan d’action de l’eau améliore la lisibilité sectorielle. Tout acteur qui intervient sur la zone doit se référer à ce cadre, assurant ainsi une cohérence des équipements et des approches. Les outils d’information mis en place permettront, à terme, une gestion intégrée des ressources en eau (GIRE) sur le territoire et pourront être vulgarisés ou étendus à d’autres zones géographiques du Cameroun. De plus, ce projet intègre une dimension écologique puisqu’il fait en sorte de réutiliser pour l’agriculture les sous-produits de l’assainissement qui étaient jusque là source de pollution.

C. Execution and Implementation

 4. In which ways is the initiative creative and innovative?
Coté eau potable, le projet a débuté en 2010 par une estimation des besoins de la population en parallèle d’un diagnostic des réseaux préexistants. Pour l’estimation des besoins, les populations ont été interrogées sur les priorités d’après elles et ont été recensées pour comprendre combien de personnes devraient être alimentées dans chaque village. En termes techniques, certains groupements avaient déjà des réseaux, certains fonctionnaient et d’autres étaient abandonnés depuis longtemps. De plus, il était important de repérer les territoires qui étaient gérés par la structure étatique (Camerounaise des Eaux). Ceci a permis d’identifier les zones prioritaires, qui n’avaient pas ou peu d’eau potable à cette époque. Ensuite, des volontaires VeoliaForce ont effectué un diagnostic technique et ont ainsi évalué les travaux à mettre en œuvre dans les groupements identifiés comme prioritaires. Dans le même temps, le futur responsable de la Régie de l’Eau a été recruté et formé et le Service Public de l’Eau a commencé à être installé. Ensuite, les différentes étapes pour mettre en place les Comités d’Usagers de l’Eau ont commencé :  Information des autorités traditionnelles sur l’organisation  Réunion d’information dans les quartiers concernant les actions du projet dans les groupements  Désignation des délégués des quartiers ;  Réunion des délégués et mise en place d’un groupe de travail sur les statuts  Assemblée générale constitutive du CUE pour validation des statuts et élection du bureau exécutif du CUE ;  Réunion du bureau exécutif du CUE pour la mise en action du processus de légalisation des statuts  Session de formation sur la maîtrise du fonctionnement du comité et de l’exploitation et gestion du réseau par les membres du CUE  Visite du réseau pour obtenir la maîtrise du fonctionnement du réseau par les membres du CUE  Assemblée générale ordinaire de signature du contrat de délégation du SPE : présentation du bureau exécutif des CUE à l’exécutif municipal ;présentation des commissaires aux comptes ;prestation de serment des responsables des CUE ; signature du contrat de délégation du SPE  Harmonisation de la compréhension des rôles de chacun desacteurs du SPE  Lever des incompréhensions entre acteurs par des réunions de crise Certains dossiers d’appel d’offres national ouvert ont été lancés et des travaux ont pu commencer dès 2011. Ensuite, le suivi des travaux a été effectué par les services techniques de la Mairie de Bangangté. Coté assainissement, des ouvriers locaux ont d’abord été formés par l’ONG ERA Cameroun sur les processus pour construire une latrine écologique à double fosse sèche avec diversion des urines. Ils ont ainsi commencé par construire 3 blocs de latrines pilotes en 2010. En 2011 et 2012, les 12 autres latrines ont été construites par ces mêmes ouvriers. En septembre 2011, les écoles ont fait leur première rentrée scolaire avec ces latrines et ont mis en place les Comité d’Education à l’Environnement, composés d’élèves de CM1 et CM2 qui sont garants de l’entretien des latrines. Les latrines marchés ont été inaugurées en Octobre 2012 suite à quelques retards et les gestionnaires de celles-ci ont été formés à leur rôle jusqu’à Juin 2013.

 5. Who implemented the initiative and what is the size of the population affected by this initiative?
La Commune de Bangangté est à l’initiative de ce projet. Elle a sollicité l’aide de bailleurs de fonds français tels que la Fondation Veolia Environnement, l’AIMF, le SIAAP et l’AESN. La Fondation Veolia Environnement a également fait profiter le projet de ses compétences techniques par l’intermédiaire du mécénat de compétences : des volontaires VeoliaForce sont régulièrement envoyés sur le terrain pour le suivi et la vérification des chantiers. Une ONG camerounaise ERA-Cameroun (Environnement Recherche Action) est prestataire du projet et s’occupe de la sensibilisation des populations et de l’animation concernant le Service Public de l’Eau et le système de gestion des latrines. Un consultant expert en gestion des AEP les assiste sur ce terrain. L’état Camerounais a également participé au projet en l’exonérant des frais de douane et de TVA. De même, l’Etat a montré tous le support qu’il apporte à ce projet par l’intermédiaire des multiples interventions du Préfet du département du Ndé pour responsabiliser les populations ou participer aux événements phares du projet comme le Comité Communal de l’Eau et de l’Assainissement qui a lieu annuellement. L’ONG Zenü Network a soutenu la sensibilisation et la mise en place des observatoires de la gouvernance locale pour le suivi qualité et le feedback des populations sur les services rendus par le projet. Finalement, les acteurs locaux ont été sollicités. D’abord pour les chantiers de travaux puisque c’est des entreprises camerounaises qui s’en sont chargées et ensuite pour la gestion puisque les exploitants et les membres de la Régie sont des Bangangtés. Les élites locales sont également sollicitées dans le cadre de campagnes de branchements sociaux : leur aide financière aux cotés de celle de la Mairie permet aux plus démunis de chaque groupement de bénéficier de branchements au réseau à moindre coût.
 6. How was the strategy implemented and what resources were mobilized?
Le projet a été financé de la manière suivante : - Commune de Bangangté : 30 500 € en investissement + 50 400 € en fonctionnement - Fondation Veolia Environnement : 300 000 € + 50 000 € en mécénat de compétence - AIMF : 480 000 € - SIAAP : 187 000 € - AESN : 250 000 € Ce qui donne un budget total de 1 347 900 €. En termes de coûts techniques, la Fondation Veolia Environnement a fourni, par l’intermédiaire de son mécénat de compétence, une formation technique pointue aux acteurs locaux. En effet, certains salariés Veolia font partie de l’organisation VeoliaForce et peuvent régulièrement partir en mission courte durée sur leur temps de travail pour faire profiter de leur expertise au projet. Les volontaires qui sont venus soutenir le projet MODEAB sont issus de différentes formations : électrotechnique, réseau, direction… En termes de moyen humains, la Mairie a recruté un technicien pour incarner la Régie de l’Eau dès le début du projet. Un autre technicien qui était au Service Technique de la Mairie est également en train d’être complètement dirigé vers ce projet. Ces techniciens qui avaient une formation première en génie hydraulique ont reçu des formations lors des missions des volontaires de VeoliaForce à Bangangté. La Fondation Veolia Environnement met également à disposition des stagiaires depuis le début du projet qui sont hébergés à Bangangté et travaillent au sein même de la Mairie en tant qu’appui à la maîtrise d’ouvrage. De plus, l’AIMF a fait un suivi budgétaire pointu pour s’assurer de la bonne gestion des fonds.

 7. Who were the stakeholders involved in the design of the initiative and in its implementation?
D’abord, au niveau assainissement, la comparaison entre les récoltes fertilisées à l’urines et celles usuelles a été probante : il n’y avait aucun doute sur la bonne qualité et le fort rendement des premières ! Les populations ont pu constater qu’il était possible d’avoir de bonnes récoltes, à coût quasiment nul et en même temps en se débarrassant de matières auparavant gênantes. Ensuite, les directeurs des écoles désormais dotées des latrines écologiques ont affirmé une plus grande fréquentation de l’école de part la diminution des maladies. Les élèves sont donc plus aptes à progresser et à assimiler tout l’enseignement qui leur est donné. Au niveau eau potable, de nombreux emplois ont été créés, principalement dans le domaine de l’exploitation et de la maintenance des installations. Ces emplois sont généralement pris par des personnes vivant déjà dans la localité où même dans le village qu’ils exploitent. Ces personnes ont été formées par les experts VeoliaForce pour renforcer leurs capacités. De même, des revenus sont créés de manière équitable au niveau des villages puisque les exploitants peuvent donner en gestion les bornes fontaines du réseau pour vendre de l’eau potable à ceux qui ne peuvent pas avoir de branchements particuliers. Ainsi, des mamans du village peuvent prendre ces bornes et vendre l’eau, le matin avant d’aller au champ et le soir en revenant chez elles. De plus, le village de Baména, qui est celui dont l’organisation a été complètement en place en premier en juin 2013, a bien évolué depuis puisque l’exploitant a maintenant une activité rentable. De même, il approvisionne le compte de renouvellement avec succès : au bout de six mois, 1 900 000 FCFA sont épargnés avec une prévision d’ajout de 200 000 FCFA par mois. Si la pompe de ce réseau tombe en panne dans les années à venir, elle pourra donc être remplacée sans soucis et le réseau pourra continuer à fonctionner et à fournir de l’eau potable aux populations. Finalement, les populations se sont appropriées leur réseau. En effet, les CUE se réunissent mensuellement pour discuter des problèmes qui sont survenus dans la gestion, des nouveaux branchements particuliers à demander à l’exploitant et des actions à mettre en œuvre pour améliorer l’accès à l’eau potable. Les rencontres des CUE servent aussi d’espace d’analyse des grands défis du village et propositions aux décideurs.

 8. What were the most successful outputs and why was the initiative effective?
En termes de suivi, il y en a eu à plusieurs niveaux. D’abord les partenaires français ont envoyé plusieurs personnes pour effectuer le suivi technique des installations : un stagiaire constamment présent sur place qui assure la coordination du projet et des volontaires VéoliaForce pour l’expertise technique. Ensuite, le suivi budgétaire a été effectué étroitement entre le stagiaire sur place, la responsable du projet de l’AIMF et les services financiers de la Mairie de Bangangté. Au niveau de l’organisation du Service Publique de l’Eau et de la gestion des latrines qui ont été mis en place, ce rôle revenait à l’ONG ERA-Cameroun. Elle a donc envoyé un expert animation à temps plein à Bangangté pour gérer et suivre tout cela. Une fois ceci en place, des outils de suivi ont été fourni aux responsables de la Régie de l’Eau et du Service Hygiène et Assainissement de la Mairie de Bangangté pour assurer une évaluation de la progression. Pour le volet assainissement, il a été question de faire des tableaux mensuels de fréquentation des latrines marchés pour évaluer les actions à mettre en œuvre pour éventuellement améliorer cela. Pour le volet eau, un logiciel de suivi technique et financier a été fourni et le responsable de la régie de l’eau a été formé à son utilisation. Ce logiciel permet de suivre mensuellement d’une part les éventuels défauts (fuite ou autre) des installations et d’autre part la gestion qui doit être complètement transparente par les exploitants. Ce dispositif est complété par le feedback régulier (mensuel) qui vient de la population à travers les CUE et les observatoires de la gouvernance locale.

 9. What were the main obstacles encountered and how were they overcome?
Au niveau Assainissement, il a été difficile de faire accepter aux populations l’utilisation des sous-produits humains comme fertilisant pour la nourriture, même si ceux-ci ont été hygiénisés auparavant. Cependant, avec une forte sensibilisation et des ateliers multiples, il semble que ceci commence à rentrer dans les esprits et à devenir une action commune. Au niveau Eau Potable, la première barrière a été de faire comprendre aux populations la nécessité de payer le service de l’eau. Plusieurs réunions ont été organisées avec eux pour que soit intégré le fait qu’amener de l’eau potable jusqu’au pas d’une maison a un coût, surtout pour que cela soit fait de manière durable. De plus, il est important de comprendre que le système de gestion mis en place ici assure une transparence complète des budgets et il n’est plus possible d’utiliser l’argent récolté avec l’eau pour d’autres actions comme cela a pu être fait auparavant. Cela a pu être difficile à accepter pour certaines personnes mais la mise en avant des avantages apportés à la population par ce système a fini par les convaincre d’aider le projet dans ses actions plutôt que le contraire.

D. Impact and Sustainability

 10. What were the key benefits resulting from this initiative?
Cette initiative est d’abord à but social : apporter de l’eau potable aux populations et leur fournir des latrines décentes et écologiques. Ce sont donc ces aspects qui sont ressorti en premier après la mise en place des différentes infrastructures. En termes d’assainissement, il a été noté une plus grande fréquentation des latrines de part la diminution des maladies hydriques chez les enfants fréquentant les écoles dotées de latrines. De plus, ces enfants sont sensibilisés dès le plus jeune âge à l’hygiène et à l’écologie et peuvent transmettre cela autour d’eux. C’est ainsi que certains parents ont tant entendu leurs enfants vanter le bienfait de la fertilisation à l’urine hygiénisée qu’ils sont venus demander le fertilisant à base d’urine de l’école ne possédant pas de champs au Service Hygiène et Assainissement de la Mairie de Bangangté pour les utiliser dans leur propre champs. De même, des directeurs d’écoles alentours viennent souvent visiter ces latrines et se renseignent sur tous les processus d’utilisation et de nettoyage car ils ont compris les impacts positifs de ces installations et ils aimeraient donc également faire installer cela dans leurs écoles. En termes d’eau potable, la population s’est globalement approprié les installations et agit pour leurs pérennisations. Par exemple, dès qu’une casse est constatée sur le réseau, le Comité des Usagers de l’Eau informe très rapidement la Régie de l’Eau et l’Exploitant pour qu’ils puissent tous agir ensemble pour régler le problème et ainsi continuer à assurer un Service Public de l’Eau continu. De même, l’approvisionnement du compte de renouvellement chaque mois par l’exploitant permet d’agir rapidement dès la constatation d’une défaillance d’un équipement et de pouvoir le remplacer dans les 48h suivantes. Ainsi, contrairement aux systèmes de gestion précédents où une casse ou une défaillance entraînait l’arrêt complet du service jusqu’à qu’une élite du village finance une solution au problème, le Service Public de l’Eau est maintenant autonome et tous les problèmes sont réglés de manière efficace et proactive.

 11. Did the initiative improve integrity and/or accountability in public service? (If applicable)
Il n’y a aucun doute concernant le caractère transférable et pérenne des latrines écologiques: des ouvriers ont été formés par l’ONG ERA-Cameroun lors de la construction des 15 latrines de Bangangté et sont maintenant complètement aptes à reconstruire ces infrastructures dans d’autres endroits. D’ailleurs, la Commune de Dschang a pu profiter de leurs compétences pour faire construire des latrines à doubles fosses sèches avec diversion d’urines en 2013. Il est également envisagé de multiplier le nombre d’écoles de la Commune de Bangangté bénéficiant de ce type de latrines. Les infrastructures d’eau potable sont, quant à elles, reproductibles car ce sont des réhabilitations d’anciennes stations de traitement Scan Water et des réseaux connectées à celles ci. Or en 1984, 350 stations de ce type ont été installées au Cameroun, faute de système de suivi et maintenance, au moins 70% étaient à l’arrêt. Elles sont généralement encore en bon état et le dispositif de MODEAB permet la réhabilitation et son fonctionnement à des frais raisonnables. Le Service Public de l’Eau est une organisation innovante au Cameroun mais qui intéresse beaucoup de par ses résultats positifs. En effet, celle-ci peut être reproduite dans toute autre ville du Cameroun, il suffit de mettre en place les deux organes de chaque réseau : le Comité d’Usagers de l’Eau et l’Exploitant ; puis de définir une structure d’appui/conseil/contrôle, la Régie de l’Eau, qui s’occupe de plusieurs réseaux à la fois. Pour l’instant, la Régie de l’Eau de la Commune de Bangangté ne gère que des groupements internes à la Commune mais dès 2014, une intercommunalité va être mise en place et un groupement d’une commune voisine sera également sous la responsabilité de la Régie. De plus, beaucoup de communes extérieures se sont renseignés sur la possibilité de reproduire ce système pour la gestion de leurs réseaux et la capacité de la Régie à les aider à faire cela puis à les appuyer et contrôler dans la gestion. Le responsable de la Régie a donc rencontré le Maire de Bassamba et des ONGs de Dschang et Bafou. Plusieurs entretiens avec les délégués départementaux et régionaux du Ministère de l’Eau et de l’Energie ont également eut lieu pour commencer le processus d’institutionnalisation de l’organisation sous cette forme.

 12. Were special measures put in place to ensure that the initiative benefits women and girls and improves the situation of the poorest and most vulnerable? (If applicable)
Dans le cadre du travail de notre ONG sur la décentralisation avec la Commune de Bangangté, nous avons découvert le projet MODEAB qui est un exemple d’application des principes de transfert de compétence récemment décidé au Cameroun. Les compétences de l’eau et de l’assainissement sont transférées depuis 2010 aux services décentralisés de l’Etat et cela implique une plus grande proximité entre les communes et les populations, une intégration des acteurs locaux dans la délivrance des services publics. C’est bien cela qui a eut lieu à Bangangté où Mme le Maire a agit directement pour apporter des conditions sanitaires de haute qualité et de l’eau potable aux habitants. La Commune qui était perçue auparavant comme une institution signataire des actes de naissances et des actes de mariages, devient un véritable acteur de promotion de développement. Ainsi, les populations, elles, comprennent l’importance de ces services publics, elles adhérent au changement et mettent en place au niveau local des organes avec la mission de contribuer à la définition des politiques publiques, à la maintenance des infrastructures construites par l’Etat et au suivi qualité des services offerts dans le cadre de la décentralisation. Nous amorçons actuellement la sensibilisation sur l’utilité des processus fiscaux, le projet MODEAB a construit le cadre qui montre l’utilité des impôts et des taxes. Nous vivons avec ce projet un changement de culture, les populations quittent l’attentisme instauré par les systèmes précédents pour développer de nouveaux mécanismes qui encourage la participation et la redevabilité. L’ambiance change, chacun se responsabilise et il en est fini de l’état d’esprit passif des populations qui se contentaient de recevoir des cadeaux de l’état sans rien donner en retour.

Contact Information

Institution Name:   Mairie de Bangangté
Institution Type:   Public Organization  
Contact Person:   Celestine Ketcha Courtes
Title:   Mme  
Telephone/ Fax:   00 237 77 60 29 24
Institution's / Project's Website:  
E-mail:   cketcha33@yahoo.fr  
Address:   BP18
Postal Code:  
City:   Bangangté
State/Province:  
Country:  

          Go Back

Print friendly Page