4. In which ways is the initiative creative and innovative?
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Coté eau potable, le projet a débuté en 2010 par une estimation des besoins de la population en parallèle d’un diagnostic des réseaux préexistants. Pour l’estimation des besoins, les populations ont été interrogées sur les priorités d’après elles et ont été recensées pour comprendre combien de personnes devraient être alimentées dans chaque village. En termes techniques, certains groupements avaient déjà des réseaux, certains fonctionnaient et d’autres étaient abandonnés depuis longtemps. De plus, il était important de repérer les territoires qui étaient gérés par la structure étatique (Camerounaise des Eaux). Ceci a permis d’identifier les zones prioritaires, qui n’avaient pas ou peu d’eau potable à cette époque.
Ensuite, des volontaires VeoliaForce ont effectué un diagnostic technique et ont ainsi évalué les travaux à mettre en œuvre dans les groupements identifiés comme prioritaires.
Dans le même temps, le futur responsable de la Régie de l’Eau a été recruté et formé et le Service Public de l’Eau a commencé à être installé. Ensuite, les différentes étapes pour mettre en place les Comités d’Usagers de l’Eau ont commencé :
Information des autorités traditionnelles sur l’organisation
Réunion d’information dans les quartiers concernant les actions du projet dans les groupements
Désignation des délégués des quartiers ;
Réunion des délégués et mise en place d’un groupe de travail sur les statuts
Assemblée générale constitutive du CUE pour validation des statuts et élection du bureau exécutif du CUE ;
Réunion du bureau exécutif du CUE pour la mise en action du processus de légalisation des statuts
Session de formation sur la maîtrise du fonctionnement du comité et de l’exploitation et gestion du réseau par les membres du CUE
Visite du réseau pour obtenir la maîtrise du fonctionnement du réseau par les membres du CUE
Assemblée générale ordinaire de signature du contrat de délégation du SPE : présentation du bureau exécutif des CUE à l’exécutif municipal ;présentation des commissaires aux comptes ;prestation de serment des responsables des CUE ; signature du contrat de délégation du SPE
Harmonisation de la compréhension des rôles de chacun desacteurs du SPE
Lever des incompréhensions entre acteurs par des réunions de crise
Certains dossiers d’appel d’offres national ouvert ont été lancés et des travaux ont pu commencer dès 2011. Ensuite, le suivi des travaux a été effectué par les services techniques de la Mairie de Bangangté.
Coté assainissement, des ouvriers locaux ont d’abord été formés par l’ONG ERA Cameroun sur les processus pour construire une latrine écologique à double fosse sèche avec diversion des urines. Ils ont ainsi commencé par construire 3 blocs de latrines pilotes en 2010. En 2011 et 2012, les 12 autres latrines ont été construites par ces mêmes ouvriers. En septembre 2011, les écoles ont fait leur première rentrée scolaire avec ces latrines et ont mis en place les Comité d’Education à l’Environnement, composés d’élèves de CM1 et CM2 qui sont garants de l’entretien des latrines. Les latrines marchés ont été inaugurées en Octobre 2012 suite à quelques retards et les gestionnaires de celles-ci ont été formés à leur rôle jusqu’à Juin 2013.
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5. Who implemented the initiative and what is the size of the population affected by this initiative?
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La Commune de Bangangté est à l’initiative de ce projet. Elle a sollicité l’aide de bailleurs de fonds français tels que la Fondation Veolia Environnement, l’AIMF, le SIAAP et l’AESN. La Fondation Veolia Environnement a également fait profiter le projet de ses compétences techniques par l’intermédiaire du mécénat de compétences : des volontaires VeoliaForce sont régulièrement envoyés sur le terrain pour le suivi et la vérification des chantiers.
Une ONG camerounaise ERA-Cameroun (Environnement Recherche Action) est prestataire du projet et s’occupe de la sensibilisation des populations et de l’animation concernant le Service Public de l’Eau et le système de gestion des latrines. Un consultant expert en gestion des AEP les assiste sur ce terrain.
L’état Camerounais a également participé au projet en l’exonérant des frais de douane et de TVA. De même, l’Etat a montré tous le support qu’il apporte à ce projet par l’intermédiaire des multiples interventions du Préfet du département du Ndé pour responsabiliser les populations ou participer aux événements phares du projet comme le Comité Communal de l’Eau et de l’Assainissement qui a lieu annuellement.
L’ONG Zenü Network a soutenu la sensibilisation et la mise en place des observatoires de la gouvernance locale pour le suivi qualité et le feedback des populations sur les services rendus par le projet.
Finalement, les acteurs locaux ont été sollicités. D’abord pour les chantiers de travaux puisque c’est des entreprises camerounaises qui s’en sont chargées et ensuite pour la gestion puisque les exploitants et les membres de la Régie sont des Bangangtés.
Les élites locales sont également sollicitées dans le cadre de campagnes de branchements sociaux : leur aide financière aux cotés de celle de la Mairie permet aux plus démunis de chaque groupement de bénéficier de branchements au réseau à moindre coût.
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6. How was the strategy implemented and what resources were mobilized?
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Le projet a été financé de la manière suivante :
- Commune de Bangangté : 30 500 € en investissement + 50 400 € en fonctionnement
- Fondation Veolia Environnement : 300 000 € + 50 000 € en mécénat de compétence
- AIMF : 480 000 €
- SIAAP : 187 000 €
- AESN : 250 000 €
Ce qui donne un budget total de 1 347 900 €.
En termes de coûts techniques, la Fondation Veolia Environnement a fourni, par l’intermédiaire de son mécénat de compétence, une formation technique pointue aux acteurs locaux. En effet, certains salariés Veolia font partie de l’organisation VeoliaForce et peuvent régulièrement partir en mission courte durée sur leur temps de travail pour faire profiter de leur expertise au projet. Les volontaires qui sont venus soutenir le projet MODEAB sont issus de différentes formations : électrotechnique, réseau, direction…
En termes de moyen humains, la Mairie a recruté un technicien pour incarner la Régie de l’Eau dès le début du projet. Un autre technicien qui était au Service Technique de la Mairie est également en train d’être complètement dirigé vers ce projet. Ces techniciens qui avaient une formation première en génie hydraulique ont reçu des formations lors des missions des volontaires de VeoliaForce à Bangangté. La Fondation Veolia Environnement met également à disposition des stagiaires depuis le début du projet qui sont hébergés à Bangangté et travaillent au sein même de la Mairie en tant qu’appui à la maîtrise d’ouvrage.
De plus, l’AIMF a fait un suivi budgétaire pointu pour s’assurer de la bonne gestion des fonds.
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7. Who were the stakeholders involved in the design of the initiative and in its implementation?
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D’abord, au niveau assainissement, la comparaison entre les récoltes fertilisées à l’urines et celles usuelles a été probante : il n’y avait aucun doute sur la bonne qualité et le fort rendement des premières ! Les populations ont pu constater qu’il était possible d’avoir de bonnes récoltes, à coût quasiment nul et en même temps en se débarrassant de matières auparavant gênantes.
Ensuite, les directeurs des écoles désormais dotées des latrines écologiques ont affirmé une plus grande fréquentation de l’école de part la diminution des maladies. Les élèves sont donc plus aptes à progresser et à assimiler tout l’enseignement qui leur est donné.
Au niveau eau potable, de nombreux emplois ont été créés, principalement dans le domaine de l’exploitation et de la maintenance des installations. Ces emplois sont généralement pris par des personnes vivant déjà dans la localité où même dans le village qu’ils exploitent. Ces personnes ont été formées par les experts VeoliaForce pour renforcer leurs capacités. De même, des revenus sont créés de manière équitable au niveau des villages puisque les exploitants peuvent donner en gestion les bornes fontaines du réseau pour vendre de l’eau potable à ceux qui ne peuvent pas avoir de branchements particuliers. Ainsi, des mamans du village peuvent prendre ces bornes et vendre l’eau, le matin avant d’aller au champ et le soir en revenant chez elles.
De plus, le village de Baména, qui est celui dont l’organisation a été complètement en place en premier en juin 2013, a bien évolué depuis puisque l’exploitant a maintenant une activité rentable. De même, il approvisionne le compte de renouvellement avec succès : au bout de six mois, 1 900 000 FCFA sont épargnés avec une prévision d’ajout de 200 000 FCFA par mois. Si la pompe de ce réseau tombe en panne dans les années à venir, elle pourra donc être remplacée sans soucis et le réseau pourra continuer à fonctionner et à fournir de l’eau potable aux populations.
Finalement, les populations se sont appropriées leur réseau. En effet, les CUE se réunissent mensuellement pour discuter des problèmes qui sont survenus dans la gestion, des nouveaux branchements particuliers à demander à l’exploitant et des actions à mettre en œuvre pour améliorer l’accès à l’eau potable. Les rencontres des CUE servent aussi d’espace d’analyse des grands défis du village et propositions aux décideurs.
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8. What were the most successful outputs and why was the initiative effective?
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En termes de suivi, il y en a eu à plusieurs niveaux. D’abord les partenaires français ont envoyé plusieurs personnes pour effectuer le suivi technique des installations : un stagiaire constamment présent sur place qui assure la coordination du projet et des volontaires VéoliaForce pour l’expertise technique. Ensuite, le suivi budgétaire a été effectué étroitement entre le stagiaire sur place, la responsable du projet de l’AIMF et les services financiers de la Mairie de Bangangté.
Au niveau de l’organisation du Service Publique de l’Eau et de la gestion des latrines qui ont été mis en place, ce rôle revenait à l’ONG ERA-Cameroun. Elle a donc envoyé un expert animation à temps plein à Bangangté pour gérer et suivre tout cela.
Une fois ceci en place, des outils de suivi ont été fourni aux responsables de la Régie de l’Eau et du Service Hygiène et Assainissement de la Mairie de Bangangté pour assurer une évaluation de la progression. Pour le volet assainissement, il a été question de faire des tableaux mensuels de fréquentation des latrines marchés pour évaluer les actions à mettre en œuvre pour éventuellement améliorer cela. Pour le volet eau, un logiciel de suivi technique et financier a été fourni et le responsable de la régie de l’eau a été formé à son utilisation. Ce logiciel permet de suivre mensuellement d’une part les éventuels défauts (fuite ou autre) des installations et d’autre part la gestion qui doit être complètement transparente par les exploitants.
Ce dispositif est complété par le feedback régulier (mensuel) qui vient de la population à travers les CUE et les observatoires de la gouvernance locale.
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9. What were the main obstacles encountered and how were they overcome?
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Au niveau Assainissement, il a été difficile de faire accepter aux populations l’utilisation des sous-produits humains comme fertilisant pour la nourriture, même si ceux-ci ont été hygiénisés auparavant. Cependant, avec une forte sensibilisation et des ateliers multiples, il semble que ceci commence à rentrer dans les esprits et à devenir une action commune.
Au niveau Eau Potable, la première barrière a été de faire comprendre aux populations la nécessité de payer le service de l’eau. Plusieurs réunions ont été organisées avec eux pour que soit intégré le fait qu’amener de l’eau potable jusqu’au pas d’une maison a un coût, surtout pour que cela soit fait de manière durable. De plus, il est important de comprendre que le système de gestion mis en place ici assure une transparence complète des budgets et il n’est plus possible d’utiliser l’argent récolté avec l’eau pour d’autres actions comme cela a pu être fait auparavant. Cela a pu être difficile à accepter pour certaines personnes mais la mise en avant des avantages apportés à la population par ce système a fini par les convaincre d’aider le projet dans ses actions plutôt que le contraire.
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