La complexité des mécanismes de protection sociale rend l’accès aux organismes du réseau socio-sanitaire plus difficile chez tout un chacun, mais à plus forte raison les plus démunis: information difficile à trouver, langage hermétique, dédale de services, logiques administratives peu évidentes et manque de concertation des services publics…. Parfois, même les professionnels sont perplexes. Cette situation se complique en période de difficultés budgétaires car les mécanismes de contrôle institués pour ménager les ressources publiques entraînent des retards voire des blocages dans l’octroi des aides. La situation des intéressés se dégrade et alourdit le coût « social » de l’opération. Partant de ce constat, les autorités fédérales, à l’origine de la « détection précoce » dans l’assurance invalidité, conduisent en 2004 un travail de réflexion sur l’absence de transparence dans les mécanismes de la protection sociale. Ce travail recommande de créer des « guichets sociaux » au plan cantonal. Dans le canton de Fribourg, une étude avait identifié en 1998 déjà les besoins sociaux non couverts, en matière relationnelle, d’intégration, de solidarité, d’écoute, de conseil, d’aide et d’accompagnement (Fos, Girardin et Maytain, 1998, Etude de besoins sociaux non couverts sur l’ensemble du canton de Fribourg, Université de Fribourg). Elle avait conclu à la nécessité d’offrir, dans un souci de transversalité et de coordination, une aide globale sur la base de lieux informels, conviviaux et non stigmatisants, qui ne soient pas centrée sur une population cible ou une problématique donnée. Des parlementaires ont ensuite réclamé en 2004 la création d’un service d’information destiné aux familles, chez qui peuvent se concentrer plusieurs sources de précarité : https://www.fr.ch/sasoc/files/pdf21/p_248.04_demierre_menoud_information_familles__f.pdf. L’idée a été développée ensuite sous l’impulsion du gouvernement cantonal au-delà du seul champ de la famille et une étude de l’Université de Lausanne a permis de définir les contours d’un véritable « guichet social » pour une mise en place au plan cantonal : https://www.fr.ch/sasoc/files/pdf19/rapport_guichet_social_final_1_avec_annexes.pdf. Après avoir analysé l’expérience d’autres cantons et étudié la faisabilité dans le canton de Fribourg, une enquête a été réalisée auprès des organismes sociaux, puis un modèle de guichet été développé en fonction de la situation spécifique du canton.
Toutefois, la voie suivie n’a pas été celle d’un guichet réservé aux seules personnes pauvres. Des raisons de stigmatisation s’y opposaient et le public ne s’en serait pas servi par crainte d’être identifié. En plus, différentes études ont montré que les personnes ayant le plus besoin de soutien sont précisément celles qui sont mal outillées pour comprendre et qui ne savent pas comment fonctionnent les services publics. Dans un pays industrialisé avec une assez riche palette de services, savoir comment se comporter et s’orienter est une clé dans l’accès aux prestations. Pour assurer l’égalité des chances, il était essentiel de ne pas se cantonner à une seule catégorie de population mais de se concentrer sur la vulnérabilité dans l’accès aux prestations. Le canton a donc opté pour un guichet intéressant a priori tout le monde, mais dont la conception allait permettre d’accéder naturellement aux populations pauvres et désavantagées du canton.
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